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Marchés octobre 2024 : Et si la Fed regrettait ?

21 Oct. 2024 10 minutes de lecture

Depuis le début de l’année, très bonne performance du marché actions globalement, sauf les actions françaises qui ont perdu tous leurs gains au lendemain de la dissolution, à cause aussi de l’exposition du CAC40 à l’industrie du luxe en panne de débouchés en Chine. Paradoxalement, la surprise de ce tableau est justement la performance exceptionnelle des actions chinoises pour un pays sans croissance ni consommation.

En fait, cette performance a été réalisée en un seul mois en septembre. La Chine a annoncé un programme d’investissement de 130 milliards de dollars financé et par le déficit et par l’emprunt. Pour faciliter l’accès à la propriété, elle a également sensiblement baissé les taux d’intérêt et l’ensemble des banques chinoises sont en ce moment, invitées à réduire le taux d’intérêt sur le stock existant des prêts qui ont été consentis. Ce qui mécaniquement va fragiliser leur bilan. Et lentement la Chine prend goût à la dette…

Les Chinois constatant la baisse du taux de rémunération (~2%) de leur gigantesque épargne se sont donc précipités sur les marchés actions, ce qui a engendré le flux acheteur du mois de septembre. Ce sont donc de très nombreux petits porteurs à vision court-termiste qui sont entrés dans le marché, et non pas des investisseurs de long-terme qui savent budgéter leurs risques. Le comportement de ce type d’investisseur sera très certainement source de volatilité dans les prochaines semaines et d’un certain nombre de déceptions. Plutôt que de consommer comme l’attend leur gouvernement, les Chinois risque de glisser d’une bulle immobilière vers une bulle des marchés actions.

 

Certes la production industrielle reprend mais les ventes (la consommation) ne prennent toujours pas le relais : cette reprise de la production industrielle est davantage orientée à l’export alors que les importations baissent : signe d’une économie qui ne consomme pas.

 

Le marché de l’emploi américain résiste très bien, il est même sans doute meilleur que l’indiquent les statistiques dans la mesure où les employeurs ne déclarent pas toujours leurs salariés issus de l’immigration. Par conséquent, la réalité du taux de chômage et sans doute encore meilleure que la statistique officielle (4,1%, en baisse depuis juillet). Fermer l’immigration produirait instantanément une tension sur l’emploi, donc sur les salaires et serait une source d’inflation très rapide.

Simultanément augmenter les droits de douane génèrerait de l’inflation sur les biens importés, moins sur les services, mais on estime que cela créerait 1% d’inflation dans les dépenses courantes des Américains.

Les sources d’inflation n’ont donc absolument pas disparu malgré un atterrissage de l’économie en douceur. Pourtant, la Fed nous a surpris à deux titres : d’abord parce qu’elle est intervenue moins de 3 mois avant les élections présidentielles contrairement à sa tradition de silence dans ces périodes préélectorales, ensuite parce qu’elle a baissé les taux directeurs plus fort (-0,50%) que ce qui était anticipé (-0,25%). Elle a donc donné un signal fort de pivot au marché qu’elle s’engageait dans la voie de la baisse des taux. Or, avec la menace inflationniste qui persiste, elle pourrait rapidement se retrouver coincée voire devoir remonter à nouveau ces taux. Et prendre les marchés obligataires totalement à revers.

 

 

Elle se trouvera également en difficulté devant un programme démocrate en faveur d’une augmentation de la dépense publique avec l’extension par exemple du programme Health Care. Pour la Fed les élections du 5 novembre c’est donc le choix entre un risque de reprise de l’inflation et un risque de déficit accru.

Indifféremment de l’occupant de la Maison Blanche, l’économie américaine reste très robuste avec un montant d’investissements industriels encore considérable cette année, en application de l’IRA (Inflation Reduction Act) mis en place par Joe Biden. Il y a peu de chances que ce programme soit interrompu puisque, assez habilement, les investissements restant à réaliser par ce programme le sont essentiellement dans des états républicains

Si l’inflation américaine considérée dans son ensemble a ralenti, c’est parce que les prix des biens ont très sensiblement baissé alors que les prix des services continuent à augmenter de l’ordre de 5 à 6% par an. Notamment dans les services d’ingénierie IT pour supporter le développement et les gains de productivité attendus de l’extension de l’IA. Cette extension va être considérablement consommatrice d’électricité et certains acteurs comme Microsoft se positionnement déjà pour organiser l’intégration verticale de leurs sources d’énergie. L’entreprise vient ainsi d’acquérir une tranche de centrale nucléaire de Three Miles Island (un sujet ESG en soi compte tenu de l’histoire de cette centrale !), pour s’en approprier l’exclusivité de la production et la maîtrise de la distribution.

Enfin, dans les bruits de bottes au Moyen-Orient, l’attention porte naturellement sur le pétrole. Sur sa production mais aussi et surtout sur les flux d’approvisionnement et la facilité de circulation des tankers. Le cours du baril demeure autour des 80$/brl, c’est-à-dire le prix sur lequel l’Arabie Saoudite a construit son budget. Ce ne sont pas les réserves mondiales de pétrole qui sont un sujet d’inquiétude : le Venezuela comme l’Iran possèdent de très grandes réserves alors qu’ils ne peuvent pas participer au marché, sous effet des embargos. Le vrai sujet est la sécurité des routes maritimes, la fluidité du flux plutôt que la disponibilité du stock. Ce qui alimentent aussi les arguments sécuritaires de Donald Trump qui souhaite ramener le cours du baril à 50$ /brl en augmentant sensiblement la production, et donc les forages, sur le territoire américain.

 

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